Les Cappadociens
NUITS D'ENOCH, DE LA SECONDE CITÉ ET DE L'ERRANCE
Seul Cappadocius se souvient du temps où Enoch existait ; il l'a vue se développer comme si lui-même l'avait écrite. Cappadocius ne créa aucun infant durant les nuits du règne d'Enoch, et il n'en créa aucun à l'époque de la Seconde Cité.
Cappadocius n'était pas solitaire, comme l'était Caïn, car l'Étreinte n'était pas une malédiction pour notre fondateur. Elle lui donna plutôt l'occasion d'étudier l'éternelle question qui hante encore les hommes de nos jours: le mystère de la mort. Fasciné par les complexités de la non-vie, Cappadocius consacra ses heures de veille à éclaircir ses secrets. Tout au long des années, Cappadocius apprit et étudia et expérimenta pendant que les autres infants de Caïn luttaient et brûlaient et détruisaient. Il gardait son opinion pour lui-même, et parfois pour Ventrue et Saulot, ne désirant pas accabler autrui du poids de l'énigme que représente la brièveté de la vie. Beaucoup de Cappadociens pensent également que Cappadocius ne voulait pas partager ses découvertes et se tenait à l'écart par souci du secret.
Quand le Déluge descendit sur Terre, Cappadocius n'était pas plus près de la solution de l'énigme. Quand vint la trahison parricide qui précipita la chute de la Seconde Cité, Cappadocius réalisa que la réponse lui échappait parce qu'il ne comprenait pas la question.
Avec cela à l'esprit, il décida d'engendrer des infants. Fuyant les ruines de la Seconde Cité pour retourner à son pays natal, tenu aujourd'hui par les Turcs seldjoukides, Cappadocius Étreignit son premier infant, un simple voyageur nommé Caïas Koïnè.
C'est là que Cappadocius éprouva ses premières visions prémonitoires. Notre fondateur se vit entouré par une armée d'infants qui pleuraient la perte de quelque chose d'inconnu. Partageant son rêve avec Caïas, Cappadocius et son infant accueillirent ce nouveau mystère avec une passion qui rivalisait celle de leur quête pour la solution de l'énigme de la mort.
Cappadocius et Caïas engendrèrent alors une descendance pour les aider dans leurs études, dont Japhet et Lazare qui les consolèrent au cours des millénaires et les aidèrent à chercher les réponses qui leur échappaient. Ils voyagèrent à travers le monde entier pour observer des royaumes grandir et décliner, en se nourrissant selon les besoins et en découvrant des indices à chaque pas. Cappadocius s'entretint avec Zoroastre et Bouddha, récoltant auprès de ces prophètes une plus grande connaissance de ce qu'il cherchait dans l'éternel mystère. Il parcourut les terres de Babylone avec le grand Nabuchodonosor et contempla les Jardins Suspendus. Il mit en doute Alexandre le Barbare et interrogea Ptolémée. Cappadocius discuta longuement avec le Séleucide Antiochos le Grand et avec des légions de penseurs grecs.
Aucun ne lui donna les réponses qu'il cherchait.
LA PREMIÈRE RÉVÉLATION
Bien que ses voyages semblassent vains, Cappadocius continua, envoyant sa descendance chercher à travers le monde tout comme lui. Personne ne pouvait-il donc révéler la réponse au mystère de la mort? Nul doute que d'autres avaient envisagé les mêmes questions. Qui pouvait lui apporter la révélation?
Il tomba sur la réponse en parcourant les terres des Hébreux, juste au sud de sa Cappadoce natale. Dans toute sa quête, il avait perdu de vue l'objectif de sa recherche. Aucune étude des corps des morts ni aucune parole de leur âme défunte ne pouvaient révéler ce que les vivants constataient chaque jour. Dieu seul avait l'éternelle vérité.
Cappadocius trouva une tente solitaire sur les plaines de Canaan, loin des cités de Gaza et Jérusalem. Une faible lumière y vacillait, mais il n'y avait que peu de mouvement. Il y avait dans l'air une certaine solitude que Cappadocius prit pour du désespoir.
Fatigué, désenchanté et affamé, notre fondateur d'une humeur vorace fondit sur la tente. À ce stade, il était prêt à tuer ce calice pour connaître la réponse, ce qui assouvirait la soif de la Bête.
Il déchira la tente, les yeux enflammés, et parla au juif terrifié qui l'occupait.
"Je cherche la réponse à la mort. Peut-être que la tienne me la révélera.
-Je sais que je ne peux l'empêcher. Mais je sais que Dieu me protégera, répondit le juif.
-Qui es-tu pour que Dieu s'inquiète de ton bien-être? grogna ironiquement l'Antédiluvien enragé, trompant de justesse ses tiraillements de frénésie.
-Je ne suis qu'un homme. Dieu s'inquiète de moi car il est souverain, transcendant et bon," fut sa faible réponse. Cappadocius s'arrêta, la Bête disparut de son visage.
"Par ta simple sagesse, tu as acheté ta vie," dit-il; et la Bête fuit son âme.
Cappadocius se maudit pour sa stupidité. Lui, infant de Caïn, avait parcouru la création pendant des milliers d'années, demandant à de simples mortels l'illumination vers la question sans réponse. Des milliers d'années perdues! S'il voulait vraiment apprendre, il lui faudrait écouter aux pieds de Dieu.
LE TEMPLE DE L'ARGÉE
L'esprit rajeuni par ce nouvel objectif, Cappadocius fit dire à tous ses infants qu'il avait des nouvelles de la plus haute urgence. Dans exactement un mois, tous les membres de sa descendance s'assembleraient dans la cité troglodyte de Gorème pour se préparer aux nouvelles que le fondateur apportait.
Quand les Cappadociens s'assemblèrent, le fondateur leur dit que la nouvelle direction de sa recherche exigeait qu'ils se rapprochent de Dieu. Le premier pas dans la résolution de l'énigme impliquait la proximité des cieux.
Les Cappadociens n'étaient guère réputés pour leur militarisme. Il était donc étrange de voir, il y a de cela 1.200 ans, une procession de moines Pilleurs de tombes grimper au sommet du mont Argée au centre de la Cappadoce. Les histoires concernant cette nuit remontent toute la filière caïnite. Des goules se réveillèrent pour s'apercevoir que leurs hôtes cappadociens avaient disparu. Des princes orientaux entendirent parler d'une vaste armée de vampires blafards qui traversait leurs cités. Des marchands itinérants, qui auraient succombé aux crocs d'un groupe de Caïnites moins concentrés, regardèrent la sinistre procession à travers le couvert des arbres. D'autres voyageurs observèrent la légion silencieuse marcher de l'avant.
Le mont Argée, l'actuel Erciyas, abritait un monastère minable et oublié qui fut néanmoins envahi par les infants de Cappadocius, lesquels massacrèrent promptement les quatre cents résidents humains du temple et son unique occupant caïnite. Menés par Caillas Koïnè, les moines s'emparèrent du temple et reprirent rapidement leur nature docile.
Aucune hérésie ne s'était manifestée dans le temple; les précédents occupants n'avaient aucun commerce avec le démon et menaient des vies d'ascètes. L'unique vampire, un Malkavien connu seulement sous le nom d' Algol, connu la Mort Finale après avoir été accusé d'être un Osiris, se nourrissant des moines sous le déguisement d'un prophète. En une nuit, les préceptes du temple furent changés pour toujours et consacrés à un nouvel apprentissage.
Le temple venait à peine de tomber quand la nouvelle en fut répandue. Des Caïnites de tout le pays se demandèrent quelles pouvaient être les motivations des cappadociens ; mais la Canaille vaquait à ses occupations, ignorante comme à sonn habitude. Les curieux firent l'ascension de l' Argée sous le couvert des ténèbres, espérant entrapercevoir les horribles orgies et les rites déviants qui devaient sûrement y être conduits. Mais ils ne trouvèrent que des moines.
Le temple avait changé de la nuit au lendemain. Les Cappadociens avaient travaillé sans relâche, reconstruisant le monastère à leur goût, abattant les vieux murs pour en ériger de nouveaux. Ils avaient creusé de vastes salles souterraines et construit des bibliothèques et des mausolées par-dessus. En seulement quelques mois, les rénovations étaient terminées. Depuis lors, le temple a eu une centaine de noms, tous des prières d'illumination et de révélation des secrets. Pour ceux qui connaissaient les Cappadociens, le temple était réputé être un lieu où la mort elle-même était le seul sujet d'étude. Bien que la vaste majorité des Cappadociens accomplissent leurs efforts ailleurs, tous pouvaient se présenter au temple quand ils le voulaient pour faire leur rapport, étudier ou simplement se reposer.
Après avoir établi leur nouvelle demeure, les Cappadociens
réunis proclamèrent qu'ils se rassembleraient à nouveau, autant que possible,
chaque année au solstice d'hiver. Là, ils discuteraient de leurs études et
exprimeraient leurs opinions sur les affaires du clan.
L'ESSOR LA CHRÉTIENTÉ
Peu de temps après la prise du temple de l' Argée, le christianisme commença à se répandre à travers le monde occidental. Les Cappadociens y adhérèrent ouvertement, comme nous adhérons à n'importe quelle religion pourvu qu'elle contribue à notre introspection spirituelle. Les terres de Cappadoce devinrent un royaume protégé pour les chrétiens persécutés, lesquels, bien que la religion fût en plein essor, affrontaient encore un certain antagonisme. Deux cités cappadociennes, Derinkuyu et Kaymakli, creusées dans le sol même, abritèrent de nombreux chrétiens pendant les premières nuits d'intolérance.
Les Cappadociens contribuèrent à l'essor de la chrétienté en creusant des églises et des monastères dans la roche du pays. En fait, des membres du clan sont encore actifs de nos jours au pays natal de notre fondateur, soutenant les Elmali Kilisè, Karanlik Kilisè et Uzumlu Kilisè, des églises qui veillent aux besoins des chrétiens dans ce pays des plus sacrés.
Suivant lui-même les enseignements du Christ, Cappadocius se réfugia avec plusieurs de ses infants dans Derinkuyu. Les vampires appréciaient le climat frais et sec de la cité souterraine, et la protection qu'elle offrait contre le soleil était incomparable. Nombre d'entre eux se consacrèrent activement à répandre et enseigner la pensée chrétienne aux enfants de Seth troisième fils d'Adam. D'autres se retirèrent dans de secrètes ténèbres, travaillant encore plus à atteindre la compréhension.
À cette époque, Cappadocius réalisa que sa descendance avait besoin de se consacrer totalement à la résolution de l'énigme. Suivant une philosophie prônée par le père de l'histoire, Hérodote, le chef demanda à ceux auxquels il s'adressait d'être "modérés en toutes choses". Les Cappadociens suivirent ainsi le conseil de leur fondateur et tempérèrent leur quête par des études dans d'autres domaines. Cette période vit un accroissement chez les Cappadociens des bibliothécaires, théosophes, cartographes, linguistes et érudits dans divers domaines. Certains non-conformistes de la première heure donnèrent même l'Étreinte à des voyageurs, des guerriers et des bureaucrates. D'après eux, leur raisonnement était qu'il fallait empêcher le clan de stagner. Pendant des millénaires, le clan avait suivi des fausses pistes. Des contacts accrus avec un plus large éventail de gens permettaient d'avoir de nouveaux points de vue. L'étude de la mort continua sans répit pendant que les rangs des Cappadociens s'ouvraient à de plus en plus de membres.
L'ÉGYPTE REDOUTÉE
Les commentateurs caïnites ont semblé surpris que le clan Cappadocien se soit toujours désintéressé de l'Égypte. Depuis longtemps réputée comme le pays des morts, l'Égypte semble un choix évident pour un clan d'érudits qui souhaitent révéler la nature de la mort et de ses mystères.
Malheureusement, l'Égypte abrite le fléau des Serpents, les immondes disciples du demi-dieu mort-vivant Set. De Set lui- même, les Cappadociens n'en savent guère plus que ce qu'en disent les légendes de la région. ils savent, en plus de ce qu'expose le Livre de Nod, que Set était l'un des treize Antédiluviens dont descendent les clans. Très peu de Cappadociens l'ont rencontré en raison de son grand âge et de sa manie du secret. Cela n'a rien de surprenant vu que peu de Cappadociens ont rencontré quiconque de la troisième génération.
Nonobstant, les Cappadociens connaissent bien les Disciples de Set. Leur relation n'est guère agréable, rehaussée par le contraste entre le désir d'étude tranquille chez les Cappadociens et celui de profaner tout ce qu'ils touchent chez les Sétites. Les séjours en Égypte se sont presque toujours révélés vains, leurs mérites dépassés par le coût élevé des relations avec les Serpents.
Pendant l'essor de la chrétienté sous le règne de l' empereur romain Néron, Saint Marc amena en Égypte ce qui deviendrait la religion copte. Des Cappadociens, suivant la bannière du christianisme, se cachaient dans la foule, espérant établir des avant-postes secrets dans ce pays depuis longtemps souillé. Les Sétites n'ont eu qu'à entendre parler d'un vampire dans un monastère pour submerger les églises coptes de leurs membres maudits et retourner chaque pierre jusqu'à ce que le Caïnite soit découvert. Les Cappadociens (et les autres vampires -les Sétites ne faisaient guère la différence) devinrent alors la cible de pratiques corruptrices conçues pour les écarter de leur but. Comme l'attestent certains Pilleurs de tombes, un Cappadocien voué à la Via Serpentis est une vision particulièrement atroce.
Quoi qu'il en soit, les Cappadociens essayent encore d'infiltrer l'Égypte, menant des croisades silencieuses et secrètes dans les terres de l'autre côté de la Méditerranée. Même si certains ont réussi à faire durer leur misérable non-vie dans les sables brûlants de l'Égypte, aucun n'en tire profit. Nombreux sont ceux qui continuent la lutte, espérant être ceux qui briseront l'héritage d'échec du clan.
L'EXODE DE DERINKUYU
Il advint que les habitudes de Cappadocius commencèrent à gêner les gens de Derinkuyu. Bien que l'air frais souterrain préservât les cadavres que Cappadocius aimait étudier, la proximité des corps rendait les habitants nerveux et mal à l'aise. Le vampire et ses infants ressentirent la répulsion qu'ils faisaient naître chez les enfants mortels de Seth fils d'Adam et se retirèrent encore plus dans leurs études macabres.
En fin de compte, les gens ne purent en supporter plus. ils en avaient assez des vampires qui glissaient silencieusement dans les catacombes. ils avaient trop longtemps enduré les rites maudits et déplaisants que ces monstres étranges et bienveillants pratiquaient. ils avaient donné assez de leur sang pour entretenir la présence gênante de ces parasites qui sondaient toujours plus profondément des mystères que les hommes de foi ne devraient pas connaître.
Cappadocius parla au peuple et s'aperçut que les rangs croissants de sa descendance mettaient durement à l'épreuve les ressources fournies par ces mortels. ils devenaient anémiques en raison de la soif importante des vampires et maladifs à cause de l'exposition constante à des cadavres non préservés.
Comprenant les doléances de son peuple, le fondateur réalisa qu'il avait fait une grave erreur en accordant si facilement l'Étreinte. Il revint à l'Argée pour consulter la traduction du Livre de Nod ; remarquant dans l'Histoire de la Première Cité l'interdiction de la prolifération du sang de Caïn, et le péché qui découlait de la désobéissance de ses infants. En fait, Cappadocius se souvenait des nuits où il restait à lire, seul membre de sa lignée, pendant que ses frères et sœurs maudits créaient une descendance dans l'abandon le plus total. Regrettant son imprudence, il réunit encore sa descendance, cette fois-ci dans la chambre la plus basse de la cité sœur de Derinkuyu, Kaymakli.
Nul autre que Cappadocius n'aurait pu préparer cette assemblée. Une prémonition avait dicté au fondateur ce qu'il devait faire avant même que la foule n'arrive.
LE FESTIN DE FOLIE
Les salles et corridors souterrains de Kaymakli pouvaient accueillir jusqu'à 15.000 citoyens. La nuit de la convocation, 12.000 vampires de notre clan furent présents. Nous étions époustouflés. Comment un groupe connu comme le clan de la Mort pouvait-il-avoir un sang aussi fertile? Comment pouvions-nous être aussi nombreux?
En une congrégation absurde et hétéroclite, les Cappadociens déplacèrent les citoyens de Kaymakli, les sortant de leurs demeures pendant des nuits alors que la convocation durait. Innocemment, et avec l'aide de Caïas et Japhet, Cappadocius tria les rangs de son clan.
"Qui parmi vous n'a pas aidé à construire ou concevoir une église ou un temple ?" demandait le fondateur, et ceux-là devaient suivre Caïas plus profondément dans la cité.
"Qui parmi vous ne peut pas lire et écrire? Qui ne suit pas la Via Caeli ? Qui n'a pas commencé à chercher les réponses à la grande énigme ?" Lentement mais inexorablement, les rangs des Caïnites assemblés diminuèrent alors qu'un nombre croissant d'entre eux descendait dans la cité. Le fondateur avait sûrement des projets pour eux. Il faisait sans doute des plus accomplis d'entre eux les chefs d'un quelconque nouvel ordre.
Quand il eut posé sa dernière question et envoyé le dernier Cappadocien sélectionné dans les profondeurs de Kaymakli, le fondateur ordonna à Caïas et Japhet de sceller pour toujours la porte de la cité. Alors que le mécanisme de meule se refermait sur le puits de Caïnites hurlants, Cappadocius déposa son enchantement sur le portail: "Qu'aucun infant de Caïn ne sorte jamais par ici; qu'aucun enfant de Seth n'entre jamais."
Le fondateur versa de chaudes larmes de sang en se détournant de la tombe collective. Son imprévoyance et son obsession avaient condamné des milliers d'infants qui n'étaient coupables que d'avoir été engendrés à mauvais escient. Seuls son hypocrisie et un reste d'humanité l'avaient sauvé, ainsi que les quelques-uns qui étaient encore dehors, de la même destinée.
"Partez d'ici. Cet endroit est maudit, dit Cappadocius aux habitants mortels de Kaymakli. Partez et ne revenez jamais."
Depuis cette nuit, l'enchantement s'applique; tous les occupants sont certainement tombés en torpeur ou sous les crocs de leurs frères. Personne n'en est vraiment sûr, car personne ne veut éprouver l'enchantement de Cappadocius qui empêche les Caïnites de partir une fois qu'ils sont entrés.
L'ABSENCE DE LAZARE
Pendant que Cappadocius plaçait son enchantement sur Kaymakli; Japhet eut une conversation privée avec Caïas. Aucun des deux n'avait vu leur frère Lazare au rassemblement, et Japhet pensait que l'absence de l'infant était une insulte envers son père. Bien que réticent, Caïas accepta de rendre visite à sa demeure pour découvrir pourquoi Lazare se croyait au-dessus de l'édit du fondateur.
Lazare s'était depuis longtemps établi dans les terres féroces de l'Égypte. Guère découragé par la malédiction de Set, Lazare avait pris quelques Cappadociens audacieux et établi son refuge près des berges du Nil. Encore maintenant, de sombres murmures accusent Lazare d'adhérer aux désirs de Set ; certains lui attribuent même un Serment de Sang.
Quoi qu'il en soit, la visite de Caïas fut mal reçue. Lazare et ses compagnons avaient bien sûr entendu l'appel du fondateur, mais les prescients dans leurs rangs avaient prévu ses terribles conséquences. Certains soupçonnent que Lazare craignait que Cappadocius vît la malédiction de Set sur son âme.
"Mon frère, dit Caïas, tu as sûrement entendu l'appel de notre père?
-Oui da, Caïas, répliqua Lazare.
-Et tu as sûrement eu l'intention d'y obéir. Quel grand malheur t'en a empêché? demanda Caïas, sa colère grandissant devant l'insolence de son frère de sang.
-Aucun malheur de mon côté, frère. Nous en avons été empêchés par le malheur répandu par notre père."
Caïas se laissa emporter par la rage. Qui était Lazare pour contester la volonté de Cappadocius ? Caïas lui sauta dessus dans l'intention de le tuer pendant que les infants de Lazare regardaient avec terreur. Deux anciens vampires s'affrontèrent en une bataille de telles proportions qu'on dit que le Nil coula vers l'amont pendant l'année qui suivit. À la fin, même le talent et les artifices de Caïas s'avérèrent inutiles; Lazare recourut à l'usage de l'immonde Serpentis, que tous considèrent comme l'apanage du clan des Serpents. Caïas tomba, mais non sans blesser grandement le traître Lazare, lequel s'enfonça dans le sol sableux et n'a pas été revu depuis.
Sans les instructions de leur chef, les Cappadociens égyptiens s'éparpillèrent aux quatre vents. Certains revinrent à l'Argée et mendièrent le pardon de Cappadocius. D'autres se contentèrent de voyager sans but, suivant la direction que leur indiquait le destin.
LA SECONDE RÉVÉLATION
Peu de temps après le Festin de Folie, Cappadocius reçut une autre vision puissante et indéniable concernant ce que le futur lui réservait ainsi qu'à ses infants.
Il vit la Crucifixion: le corps en lambeaux du Christ cloué sur la croix en sacrifice pour les péchés des enfants de Seth fils d'Adam. Il vit ensuite les milliers de vampires qu'il avait condamnés à une mise au tombeau prématurée, criant de rage et d'impuissance. La vision changea pour montrer Cappadocius et les quelques Caïnites restant de son clan s'éloigner des infants emprisonnés.
Cappadocius vit un parallèle entre ces vampires et le Fils de Dieu: ils se sont sacrifiés pour que les autres puissent continuer à exister.
Cappadocius reçut alors une autre vision du futur, moins vivace dans son esprit que la terreur de la précédente. Cappadocius se vit lui-même sur la croix, Japhet et Caïas touchaient ses blessures pendant qu'une foule innombrable de mortels pleurait au pied de la colline. Cappadocius interpréta cela comme une mission; la mission de se sacrifier afin de préserver l'humanité au sein d'une mer de vampires oppresseurs.
Cappadocius sut qu'il devait atteindre la divinité. Cappadocius et ses infants les plus proches se consacrèrent à ce but. Tout au long des études du clan, plusieurs références au pouvoir découlant de la consommation de l'hostie apparaissaient en exergue. Certains documents impliquaient que l'on pouvait littéralement devenir Dieu en dévorant Son corps et Son sang. Ces textes comprenaient certains écrits gnostiques et zoroastriens, ainsi que des rapports égyptiens de voyage dans les mondes des vivants et des morts. En accomplissant un rituel visant à atteindre la paix et la tranquillité absolues, on pouvait accéder au Paradis lui-même, prendre le trône de Dieu et amener également toute l'humanité au Paradis.
Ces fragments de savoir oublié apportèrent un nouvel espoir à Cappadocius. Selon son interprétation des manuscrits, s'il atteignait Golconde et diablerisait Dieu, il deviendrait Dieu. Même pendant qu'il était en torpeur, le fondateur rêvait d'un monde paradisiaque et de la manière de l'atteindre. Dans son esprit, l'énigme avait trouvé sa solution, mais la question lui échappait encore. La réponse était qu'en apportant le Paradis sur terre, la vie et la mort seraient unes et infinies. La question, cependant, était : comment?
INFLUENCE CAPPADOCIENNE EN EUROPE
Pendant que Cappadocius passait ses nuits dans la solitude du mont Argée, les membres survivants du clan se répandaient en Europe, impatients de quitter le pays qui servait de tombeau à tant de frères de sang. Certains restèrent sur l' Argée ; d'autres s'installèrent sur les terres maintenant revendiquées par les Turcs et Byzance; d'autres laissèrent leur héritage douloureux en arrière pour partir vers l'ouest.
C'est au cours de ces nuits que l'alliance tacite entre nous et les Ventrues se fit. En échange des structures nécessaires à l'étude, nous assistions avec joie les Patriciens en matière de conseils et de recherches. Cela se poursuit de nos nuits, et cette symbiose fait avancer nos recherches de bien des manières.
Grâce aux capitaux Ventrues, cela nous fut plus facile de continuer nos études médicales par nos propres efforts et en influençant la communauté grandissante de barbiers et d'herboristes. L'argent, le prestige et les contacts des Ventrues nous procurent un accès plus important et plus aisé à ceux qui ont trouvé des textes oubliés ou exhumé des documents utiles. Les cours des Ventrues (et d'une certaine manière celles des Lasombras ; mais rare est le Magister qui donne d'autres conseils que ceux qui l'avantagent) sont des lieux cosmopolites où nous pouvons discourir avec les principaux penseurs de notre époque, mortels comme Caïnites. Enfin, les Ventrues nous procurent une importante protection contre les périls omniprésents du monde. Les Lupins ont bien du mal à nous attaquer dans des châteaux.
Notre expansion à travers l'Europe s'est avérée inestimable, comme l'attestent nos rencontres annuelles de l'Argée. Même si nous ne nous attachons pas particulièrement à bâtir notre influence, nous nous sommes établis dans les coins du continent où notre œuvre peut se prolonger au rythme que nous avons décidé. Notre illustre clan peut même revendiquer quelques princes dans une poignée de cités éparpillées.
En tant que clan, on nous accuse souvent d'être maniaques; mais en réalité notre mouvement en Europe c'est grandement diversifié. Nous avons des membres de tous horizons, principalement selon les ordres de nos anciens qui ne veulent pas reproduire les errances vaines qui ont suivi la chute de la Seconde Cité. Nous avons beaucoup de poètes qui interrogent l'âme grâce à leurs paroles soigneusement ciselées. Nous sommes nombreux parmi le clergé à entretenir la foi dans les divers paradis du christianisme, de l'islam et du paganisme, entre autres. Nous avons Étreint des artisans et des urbanistes, préservant leur travail qui comble les besoins principaux de la vie nocturne. (Les éternelles questions ne trouvent-elles pas leurs réponses dans ce que nous pensons aller de soi ?) Philosophes, barbiers et savants rejoignent nos rangs, se joignant à la fontaine de savoir à laquelle nous tenons tant. Il y a même des chambellans et des conseillers parmi nous, qui guident les seigneurs féodaux avec la sagesse que nous transmettons et la compréhension que nous inspirons.
INFLUENCE DANS L'ÉGLISE
Alors que nos esprits hurlaient pour avoir les réponses aux éternelles questions, plus d'un parmi nous répondit à l'appel de l'Église. Pendant les premières nuits de notre migration en Europe, nombre d'entre nous prirent l'habit dans des monastères isolés. Cloîtrés hors d'atteinte d'autres vampires intrigants et des ravages de la société urbaine, les moines cappadociens passèrent leurs nuits dans la solitude. Nous avions trouvé une situation très productive pour poursuivre nos objectifs, que ce soit en copiant des livres ou en transcrivant des manuscrits. Vivant parmi des humains qui n'avaient pas leurs connaissances, les Cappadociens se répandaient comme un voile invisible, buvant le peu qu'ils pouvaient chez les moines ou les animaux de l'abbaye. La plupart des monastères de la chrétienté ont accueilli une nuit un Cappadocien, même si ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Il nous a toujours été difficile d'atteindre les rangs les plus élevés de l'Église en raison de notre pâleur et de nos habitudes nocturnes. Nonobstant, nous nous sommes infiltrés dans chaque évêché du Saint Siège, depuis les marches catholiques de l'Angleterre jusqu'aux domaines orthodoxes de la Hongrie orientale. À une époque où le clergé ne faisait que goûter aux avantages que lui apporte sa position actuelle, nos particularités, à l'échelle minime où nous les tenions, nous étaient pardonnées. Là, nos membres observaient et apprenaient depuis tous les aspects du presbytère. En tant qu'abbés, nous conduisions des monastères entiers sur la route de la vérité. En tant qu'évêques, nous fortifions les œuvres de nos alliés. En tant qu 'humbles prêtres, nous conduisions les messes de minuit et les veilles de complies aux mâtines. Les nonnes et les moines cappadociens guérissaient les malades mortels, observant toujours l'entropie et la décomposition évidentes chez le moindre serf comme chez le plus élevé des princes. Nous délivrions les derniers sacrements aux humains comme aux Caïnites alors qu'ils s'enfonçaient sous terre après que le dernier souffle de vie ou le dernier geste de non-vie avait quitté leur corps.
LES AFFAIRES D'ÉTAT
Même si nous sommes peu nombreux à être d'origine noble, nous avons une grande influence sur les affaires d'État. Nos connaissances sont si grandes que les chefs caïnites recherchent souvent nos conseils; même certaines autorités mortelles font appel à des individus dont la réputation est connue. Nombreux sont ceux qui ont fait la remarque que cela ne valait pas la peine de nous tuer; mais cette insulte indique que les tueurs préfèrent que nous les conseillions eux plutôt que leurs ennemis.
Nous vivons en marge du domaine politique. Nombreux sont les
vampires qui, proclamant leur pouvoir temporel, se sont attirés l'ire des
mortels et ont accueilli le lever du soleil avec un pieu dans le cœur. Par
bonheur, la plupart de nos membres ne sont pas égocentriques et ne subissent pas
l'attirance à court terme du pouvoir. En revanche, nous passons avec d'autres
clans des accords similaires à ceux que nous avons avec les Ventrues: en échange
d'une protection et d'un accès aux réserves de savoir, nous offrons volontiers
nos conseils.
L'EXPÉRIENCE GIOVANNI
Au début du XIIème siècle, des agents du clan rencontrèrent une petite cabale de nécromanciens mortels dans la ville de Venise. Cette congrégation isolée était exclusivement composée de membres d'une seule famille, les Giovanni, un groupe de profiteurs des croisades. La famille s'était grandement enrichie en faisant payer des prix exorbitants pour le passage en Terre sainte et pour la livraison de ravitaillement sur les fronts de guerre. L'avilissement et la dépravation suivirent leurs succès financiers, et les complaisances de la famille Giovanni étaient connues à travers toute l'Italie du nord. Ayant pratiqué toutes les activités proscrites par l'Église, les Giovanni se tournèrent finalement vers l'art interdit de la nigremance (la magie noire).
Ces amateurs s'avérèrent particulièrement doués pour l'art noir; ils ouvrirent de nouvelles voies et réussirent là où leurs prédécesseurs n'avaient pu que gribouiller quelques blasphèmes sur des livres en peau de bouc. Ils réussirent à contacter les esprits des morts qui étaient encore en contact ténu avec le monde physique, et les questionnèrent sur l'au-delà. Naturellement, les Cappadociens ramenèrent directement les nouvelles de l'existence de cette congrégation au mont Argée, où ils en discutèrent avec Japhet et la matrone Constancia. Japhet, qui ne voulait pas réveiller Cappadocius, préférait laisser les événements se développer pour voir ce que deviendraient les Giovanni. Constancia fut cependant très excitée par ces nouvelles et se précipita dans le mausolée où dormait le fondateur pour lui parler à travers ses étranges rêves.
Cappadocius, même s'il était plongé en torpeur, fut transporté de joie par l'occasion que lui offraient ces nécromanciens. Il convoqua Japhet et demanda à l'infant de le saigner, de recueillir le précieux fluide vital dans un récipient et de le mettre de côté. Toujours loyal, Japhet s'exécuta même s'il entretenait des doutes au fond de son cœur. Ce n'est que lorsque Cappadocius révéla ses intentions que Japhet lui fit des objections, s'opposant pour la première fois depuis l'Étreinte à son sire bien-aimé. Le fondateur voulait utiliser ce sang pour amener les Giovanni dans le clan. Japhet argua du fait que les mortels n'avaient pas mérité un sang aussi puissant, que ces Vénitiens n'étaient pas dignes de confiance et qu'il fallait les observer plus longtemps. Il fit allusion à la trahison des Tremeres et supplia pour que les Cappadociens n'aient aucun commerce avec des magiciens mortels.
Malgré les craintes de son infant, Cappadocius contacta Augustus Giovanni dans ses rêves. Il l'adjura de venir à l'Argée pour partager le don de l'immortalité.
À son arrivée, Augustus était prêt à accepter l'offre de Cappadocius. Cet ancien temple, empli de secrets occultes, était un fruit mûr prêt à être cueilli. Japhet et Constancia, le sondant avec la Perception de l'âme, virent la pourriture qui grouillait chez ce minable mortel. Augustus ne voulait que le pouvoir; ses motivations et ses méthodes étaient aussi corrompues que celles de n'importe quel despote mortel. Même si ses percées nécromantiques étaient impressionnantes, cet imbécile ne recherchait pas l'illumination, la connaissance ou la réponse à l'éternelle question. Il ne voulait qu'écraser ses adversaires.
Sachant cela, Japhet demanda à Constancia de préparer Augustus à l'Étreinte. Pendant qu'elle s'y employait, il plaça une malédiction sur le récipient qui contenait le sang de Cappadocius :
"Celui qui partage cette bénédiction sera à jamais jugé par ce sang et la volonté de Dieu. Que les actes de son buveur colorent ce fluide vital. Qu'il prenne une gorgée de son âme chaque fois qu'il s'abreuve. Que cette flétrissure lui soit imposée tout comme le fondateur nous impose cette honte."
Ainsi, le sang de Cappadocius fut donné à Augustus Giovanni.
Alors que le Vénitien était étendu nu sur la table de pierre, deux Cappadociens drainèrent son sang. Avant la fin, Constancia les arrêta, faisant couler les dernières gouttes du sang d'Augustus dans une jarre d'argile qu'elle scella avec de la cire d'abeille. Japhet entra alors dans la salle, portant le sang de Cappadocius. Elle et lui se regardèrent, hésitant un instant dans leur tâche. Mais la loyauté gagna finalement et Japhet versa le fluide vital dans le corps mourant d'Augustus Giovanni. Des larmes de sang coulèrent de ses yeux, et Constancia se détourna, incapable de regarder.
Augustus se leva, boursouflé comme une tique, chancelant pendant que le feu liquide brûlait dans son corps jadis frêle. Il tituba comme un ivrogne. Les deux assistants qui l'avaient auparavant drainé reconnurent la flamme de la soif dans son regard et s'enfuirent de la salle; mais le puissant nouveau-né apparut soudainement devant eux. Avec des coups puissants donnés par le plus sombre des cœurs, Augustus frappa les vampires de ses mains nues, huma leur sang qui courait sous leur peau et le lapa pendant qu'il coulait en ruisselets visqueux entre ses doigts.
Japhet appela les Lamies, le bras armé des Cappadociens, fortes et pleines d'énergie qui avaient fondé leur lignée longtemps auparavant. Grâce à leur force et aux paroles apaisantes de Japhet, la fureur de Bête d'Augustus se calma. Constancia ordonna qu'on amène des esclaves pour apaiser la soif du nouveau vampire. Elle avait profité de l'esclandre pour cacher la fiole de sang mortel d' Augustus dans une alcôve secrète.
"Bienvenu à la nuit éternelle, Augustus Giovanni, dit Japhet. Tu as reçu la bénédiction de l'immortalité et la malédiction de Caïn. Suis-moi, notre père désire te parler."
Japhet conduisit Augustus sous le temple et dans la montagne. Ils s'arrêtèrent finalement devant une porte qui se trouvait à une profondeur incroyable sous la terre et derrière laquelle dormait Cappadocius. Là, les trois plus puissants membres de notre clan débattirent de ce qui devait être.
LA RÉPONSE A L'EXPÉRIENCE GIOVANNI
Comme il est typique d'un clan aussi désorganisé que le nôtre, aucune position officielle ne fut définie vis-à-vis des nécromanciens vénitiens. La plupart des Cappadociens avaient des sentiments mitigés concernant cette affaire, alors que d'autres avaient des relations suivies avec les Giovanni. Les Lamies, toujours loyales, soutinrent la décision de Cappadocius de prendre les Giovanni dans le bercail.
Quelques-uns s'opposèrent ouvertement aux Giovanni; ils ne voulaient pas
compromettre leur position au sein de l'Église en s'associant avec des
nécromanciens. Des Cappadociens raisonnables firent remarquer que si les
autorités de l'Église venaient à connaître la relation entre le clergé
cappadocien et des vampires, les nécromanciens seraient le cadet de leurs
soucis. Dans l'ensemble, l'expérience Giovanni fut accueillie avec un manque
d'intérêt calme et sincère. Un soutien pour la nouvelle discipline et une plus
grande compréhension du mystère éternel étaient les vrais bénéfices de cette
expérience. Quelle importance s'il y avait un sous-clan dans le clan? Les Lamies
elles-mêmes n'étaient-elles pas une lignée distincte qui coexistait pourtant de
bon cœur avec les Cappadociens?
LA TROISIÈME RÉVÉLATION
Peu de temps après l'Étreinte d'Augustus Giovanni, Japhet et Cappadocius glissèrent tout deux dans les bras de la torpeur. Augustus était le "commandant en troisième" du clan, mais comme nous n'avons pas de structure définie, sa position ne lui apportait aucune autorité réelle. Augustus se consacra essentiellement à la poursuite de la nécromancie familiale, déterminant comment elle pouvait être traduite au mieux en une discipline efficace.
Pendant son sommeil, Cappadocius eut sa troisième prémonition, la plus vivace de toutes. Il se vit consumé par un feu sanglant. Le feu se répandait pour brûler tous ses infants pendant que des ombres se tenaient juste au-delà des flammes, riant devant le destin du clan. Alors que lui-même brûlait vers le néant, une unique étincelle brillante s'éleva de ses cendres et monta aux cieux. Le fondateur réalisa que son clan était condamné.
Cappadocius partit immédiatement pour Rome, délaissant le temple et ses livres moisis en faveur de documents qui réaffirmeraient sans aucun doute sa quête de la divinité. Ses contacts dans l'Église lui permettaient d'avoir accès aux chambres secrètes sous les propres quartiers du Pape. Là, parmi les livres interdits concernant les pratiques sataniques, la magie tantrique et la fondation de toutes les hérésies du monde se trouvaient les livres qui paveraient la route de Cappadocius vers le Paradis et l'esprit de Dieu. Il travailla avec la passion et la fièvre d'un homme qui doit échapper à son propre destin. À ce stade, toutes ses épreuves passées n'avaient aucun sens, et il savait que s'il ne réussissait pas, son échec condamnerait le monde entier.
Au moment de relayer la vision à Japhet à travers ses rêves, Cappadocius savait que sa destinée était scellée. Même s'il ne savait ni quand ni où ni par qui ce terrible destin s'abattrait, Cappadocius savait que pour atteindre la divinité il devait agir vite. La vision communiquait un tel sentiment d'urgence, dit-il à Japhet, qu'il craignait qu'il fût déjà trop tard pour achever sa quête. Néanmoins, il lui fallait essayer.
Japhet avait la sinistre responsabilité de révéler la vision de Cappadocius à tout le clan. Il annonça la nouvelle à la réunion du solstice sur l'Argée, ce qui choqua les membres présents jusqu'au tréfonds de l'âme. On ne discuta de rien d'autre cette année-là; aucune autre affaire ne fut traitée. Les plus ébranlés étaient visiblement les nouveaux Cappadociens qu'étaient les Giovanni. Il leur semblait qu'on leur avait offert le grand don de l'Étreinte pour le leur reprendre aussitôt. Ils comprenaient certainement que l'Étreinte était une épée à double tranchant et pas seulement le raccourci vers le pouvoir que leur chef avait espéré.
Les autres Cappadociens présents sur l' Argée reçurent les nouvelles différemment. Ceux qui suivaient la Voie du Paradis furent choqués; comment un Caïnite, maudit par Dieu, pouvait-il atteindre Son trône? C'était un blasphème éhonté, mais ils percevaient néanmoins sa certitude. Ceux qui suivaient la Voie des Ossements secouaient la tête d'un air dubitatif, refusant de croire que la défaite de la mort apportait la vie éternelle. Les tenants de la Voie de l 'Humanité partageaient la joie du fondateur. Ils dépasseraient les soucis matériels terrestres pour rejoindre le père dans les cieux.
Après avoir rassemblé tous les livres, parchemins et documents dont il avait besoin, Cappadocius quitta Rome. Personne ne l'a vu depuis, mais il a rendu visite à nombre d'entre nous dans leurs rêves, promettant de guider la procession vers la demeure de Dieu.
LES CAPPADOCIENS AU XII E SIÈCLE
Depuis la troisième révélation, de nombreux Cappadociens ont sombré dans une attitude défaitiste, attendant mollement la nuit du jugement. D'autres ont saisi l'occasion pour laisser leur marque sur le monde, accomplissant de nombreuses avancées dans leurs domaines de recherche. Certains des plus anciens ont disparu, ils sont entrés en torpeur ou ont fui vers des endroits secrets et isolés. Pour la plupart, les Cappadociens qui sont avertis de notre inévitable destinée vaquent à leurs occupations nocturnes ordinaires, guère pressés de tenter le destin.
Pour les Cappadociens qui n'ont pas pu assister à la réunion du mont Argée, le temps est une épée de Damoclès invisible qui se balance dangereusement au-dessus de leur tête. La plupart d'entre nous se font un devoir de relayer la prophétie lorsqu'ils rencontrent un membre qui n'est pas au courant. Mais il reste de nombreux ignorants, isolés de tout contact et incapables d'assister aux assemblées annuelles.
On ne sait pas si les Infitiores sont au courant du destin du clan. Certains le sont peut-être, mais la grande majorité l'ignore, en raison de leur dissociation d'avec l'ensemble d'entre nous. Seul le temps dira si leur désaveu scellera leur condamnation ou leur salut.
De fait, les Cappadociens s'empêchent de parler du destin du clan devant d'autres Caïnites. Même s'il serait possible d'obtenir le soutien de certains clans alliés, ou de trouver les traîtres dans nos rangs, nous gardons le silence. En ces nuits où on oublie si aisément la destruction de Saulot, nous ne voulons pas faire pencher la balance en faveur de nos adversaires. À la fin de sa vision, Cappadocius a vu son âme monter aux Cieux. Si c'est la volonté de Dieu, nous nous joindrons à lui pour son dernier voyage.
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Ce texte est originaire de Jarlaxle01
Si l'on écoute l’ histoire que racontent les Cappadociens. Lamia était grande prêtresse de la Mère Noire Lilith.
À travers les âges, le Culte de Lamia est resté un secret bien
caché des tyrans, sénateurs et rois qui écrasaient la destinée des hommes sous
leur talon. Les oreilles des morts-vivants entendaient de nombreuses choses,
toutefois, et c’est ainsi que Lazare du clan Cappadocien s’introduisit par une
nuit sans lune dans un temple caché dans lequel Lamia accomplissait ses rites
devant la statue de la Mère Noire.
Ce qu’elle lui dit, Lazare ne l’a jamais répété. Même les placides Pilleurs de tombes ont toutefois trouvé bizarre que Lazare n’ait jamais plus reparlé à son infante après la nuit de son Étreinte, et trouve d’ailleurs tous les prétextes possibles pour éviter sa compagnie. Quand les circonstances les forcent à se côtoyer, Lamia lance souvent des regards à Lazare et sourit tout en formant des syllabes incompréhensibles. Alors le visage cadavérique de Lazare blêmit encore plus. En fait, certains nouveau-nés impudents avancent que Lazare s’ est retiré dans son ermitage dans le seul but de l’ éviter. En tout cas, lorsque Lazare s’écarta des lèvres de son infante pour fuir hâtivement le temple, Lamia le suivit. Arrivant finalement au temple des Cappadociens, Lamia fut initiée au Clan de la Mort par Japhet lui-même. Mais Lamia ne voulait pas suivre autrement que de la manière qu’elle avait choisie, et ses infants portent pour toujours la marque de cette séparation.
Même s’ils restent à part, les infants de Lamia, les Lamies, sont proches de la lignée de leur sire. Là où sont allés les Cappadociens, les Lamies ont suivi. Elles ont partagé la soif de connaissance des Cappadociens - même si les Lamies préféraient les royaumes des sensations et de l’expérience aux pages de grimoires desséchés. Les Cappadociens étudient la mort, les Lamies la glorifient. Les Lamies se délectent du vampirisme elles le considèrent comme le don de Lilith et l’évolution naturelle de l’humanité. Tout comme Lilith refusa de coucher volontairement avec Adam, disent-elles, les vampires doivent refuser de s’inquiéter de l’humanité - sauf en tant que prédateurs.
Le savoir des Lamies a été très utile aux recherches des
Pilleurs de tombes. Les Cappadociens s’ en remettent d’ ailleurs souvent aux
Lamies pour ce qui concerne la Mère Noire. À leur tour, les Lamies se sont
concentrées sur la défense, servant le Clan de la Mort comme derviches et
guerrières. Même dans de telles tâches, elles sont spirituelles, elles vénèrent
la mort sous la forme de la Mère Noire. Cette exaltation d’un principe féminin
dérange les Cainites qui se pensent damnés par un Dieu en colère or, certaines
Lamies exacerbent cette méfiance en répandant leurs croyances sous couvert de
cultes glorifiant Marie.
Sobriquet : Gorgones.
Apparence : Les Lamies sont originaires des contrées sémitiques et ressemblent généralement à des Sémites ou des Méditerranéens. Comme les Cappadociens, elles s’ habillent souvent de linceuls, de sombres robes et ce genre de choses. Elles ne sont pas aussi pâles que les Cappadociens. Beaucoup sont grandes et musclées, avec une beauté sauvage et exotique.
Refuge : Les Lamies apprécient les tombes et les sarcophages. Au contraire des Cappadociens, elles préfèrent être seules, loin des humains ou des Cainites, afin de mieux contempler les mystères de la mort.
Antécédents : La majorité des Lamies sont des femmes, généralement celles qui n’ont pas pu accepter le statut rigide à elles réservé. Elles sont souvent issues de familles bizarres d’aristocrates, d’apothicaires, avec une tendance à la sorcellerie. Beaucoup de Lamies ont été choisies au bord du suicide. Dans les années récentes, les Lamies ont Étreint des croisés abattus (et leurs ennemis maures).
Création de personnage : Les Lamies s’ adonnent souvent à des rites exténuants ainsi, leurs attributs physiques sont en primaire. Elles suivent n’importe quelle Voie, mais beaucoup préferent la Voie des Ossements prônée par les Cappadociens.
Disciplines : Deimos, Mortis, Puissance.
Faiblesses : Les Lamies sont porteuses d’une maladie virulente qu’elles surnomment la “Semence de Lilith”. La personne ou l’animal dont une Lamie se nourrit doit réussir un jet de vigueur non modifié (difficulté 6 pour les femmes, 8 pour les hommes) ou être affecté par une immonde vérole proche de la peste noire et toujours fatale après quelques jours. Les vampires qui consomment du sang de Lamie ne meurent pas, mais deviennent violemment contagieux. La plupart des princes le savent et bannissent carrément les Lamies de leur domaine au mieux, ils les cantonnent dans les villages de lépreux. Les plus humanitaires des Lamies se nourrissent sur des cadavres avant de les brûler.
Organisation : Les Lamies adhèrent à une hiérarchie de culte qui vénère la Mère Noire à travers divers rites. Même si hommes et femmes sont Etreints indifféremment, les femmes sont considérées comme plus proches de Lilith et occupent ainsi les échelons les plus élevés du “clergé”. Les Lamies servent loyalement les anciens cappadociens, mais par libre arbitre plutôt que par contrainte.
Destin : La lignée suit ses maîtres cappadociens dans la tombe pendant la purge des Giovanni. Lamia elle-même est tuée par Augustus Giovanni et le dernier membre de la lignée est détruit par une Chasse au Sang de la Camarilla en 1718.
Citation : Viens à moi, ô toi le plus fier des chevaliers, et sent la caresse de la Mère Noire.
MÉTHODES DES LAMIES
FORCE ET INFLUENCE
ORGANISATION
PRATIQUES COURANTES
INQUIETUDES ACTUELLES
Surnom:les Nécromants
Aucun autre Clan n’est plus désireux de maintenir une façade de respectabilité que les Giovanni et aucun n' est plus profondément répugnant qu’ eux. Riches marchands, spéculateurs et investisseurs, les Giovanni passent le plus clair de leurs nuits à manipuler leurs grosses fortunes dans les bureaux de leurs gratte-ciel. Ils occupent le reste à mener leurs rites sinistres et morbides dans des cryptes ou des mausolées. La légende veut que le fondateur du Clan espéra asseoir son propre pouvoir Étreignant une congrégation de necromants vénitiens. Cette congrégation etait en fait une famille de Giovanni très soudée qui avait de gros intérêts commerciaux dans la zone méditerranéenne. Elle récompensa son Père de son don en le tuant, lui et tous ses autres descendants. La Camarilla du monde entier eut une réaction immédiate d’ effroi et d’ horreur, et beaucoup se regroupèrent pour chasser ces Vampires diaboliques. Après presque siècle d’ une guerre intermittente, les Giovanni firent la paix avec leurs ennemis en leur promettant de se faire oublier et de rester à l’écart de la politique de la Famille, un engagement qu’ ils ont apparemment tenu jusqu’ à ce jour.
Néanmoins, la méfiance à l’ égard de ce Clan a continué jusqu’ à aujourd’ hui. En restant neutres dans les conflits des Caïnites, les Giovanni ont eu les mains libres pour construire leurs empires marchands. A présent, leur richesse est incontestable, mais personne ne sait exactement à quoi ils utilisent leur fortune. Aucun étranger n’ a jamais participé leurs rituels nécromanciens, personne ne connaît donc réellement leur but. En guise de faits et de vérités, il n’ y a que suspicions et insinuations.
Chaque membre de ce Clan est également membres de la famille des Giovanni. Depuis toujours, ils n’ Étreignent traditionnellement que ceux de leur propre famille et la plupart de leurs Servants et de leurs Goules sont également du même sang. Trois membres de chaque génération sont choisis pour être des enfants qui connaîtront l’ Étreinte quand ils seront prêts et ils sont soigneusement élevés pour y être prêts. D’autres membres de la famille, en guise de récompense pour services exceptionnels, peuvent être Étreints plus tard dans leur vie.
Parce qu’ ils sont tous liés par le sang (dans les deux sens du terme), ils sont extrêmement loyaux les uns envers les autres et la trahison d’un seul d’ entre eux est impensable. Ils possèdent, sans conteste, les Servants les plus fiables qu’on puisse trouver dans n’ importe quel Clan du monde.
La maison des Giovanni est le clan le plus fermement tenue et ses membres gardent continuellement le contact entre eux. Elle est toujours dirigée d’ une main de fer par son patriarche, Augustus Giovanni, le maître originel de la congrégation lorsqu’ ils furent Étreints pour la première fois. Augustus considère son contrôle du clan tout comme un Prince régnant sur une ville et il exige de ceux qui sont en dessous de lui qu’ ils adhèrent au Code de la Création: on doit obtenir son autorisation pour transmettre le don des Giovanni. Cependant, certains jeunes membres du Clan se voient accorder une importante marge de manoeuvre et de liberté pour atteindre un nouveau contrôle des entreprises. Parce que l’ influence du Clan en Amérique est encore limitée, beaucoup ont été envoyés dans le “nouveau monde” aux cours de ces dernières années.
Si on leur en demande la raison, la plupart des Giovanni diront qu’ ils font
tout cela pour avoir une complète compréhension et une juste appréciation de la
forme qu’ ils auront pour l’éternité. Ils croient que l’immortalité ne sert qu’à
une chose: obtenir de la puissance. Les autres parleront des sensations quasi
divines que procure leur pouvoir sur la mort.
Apparence:Malgré (ou peut-être à cause de) leurs horribles pratiques
secrètes, les Giovanni ont toujours essayé de conserver une façade de
respectabilité. Bien habillés, de style classique, les femmes ont fréquemment l’
air très maternelles alors que les hommes ont souvent des cheveux blancs, une
barbe et ressemblent à des tontons gâteaux.
Repaire:Manoirs et appartements dans les quartiers les plus chics de la
ville et, au moins une cachette dans un égout ou un cimetière.
Historique:Les Giovanni n’ Étreindront que ceux de leur propre famille
mortelle. Aussi, ceux de ce Clan sont tous d’ origine italienne.
Création d’un personnage:
Les Giovanni viennent presque toujours d’ un milieu professionnel mais leurs Natures les plus répandues se divisent entre Déviant et Architecte, bien qu’ ils puissent prendre n’ importe quelle Attitude. Les Attributs Mentaux et les Capacités en Connaissances sont presque invariablement prioritaires. Ils ont toujours au moins quelques Ressources mais peuvent avoir tout autre Historique de leur choix. La plupart ont aussi des Servants qui sont systématiquement des parents ou des cousins de la famille Giovanni.Disciplines de Clan:
Domination, Nécromancie, Puissance.Faiblesses:Les créatures vivantes sur lesquelles les Giovanni se
nourrissent subissent deux fois plus de dégâts qu’en temps normal. Ainsi, si un
Giovanni prend 1 point de Sang, sa victime subira 2 niveaux de dégâts Pour cette
raison, les Giovanni sont des Banquiers des plus éminents, et ils prennent le
Fluide Vital de personnes décédées depuis peu chaque fois que c’ est possible.
Organisation:Les Giovanni sont basés à Venise où le Clan a son siège
social. Ils travaillent ensemble, progressent dans l’ étude de la mort et
peuvent toujours s’ appeler à l’ aide en cas de problème. C’est cependant un
petit Clan et l’ assistance physique est souvent à des centaines de kilomètres.
Acquérir du Prestige de Clan:
Le moyen le plus facile d’ acquérir du Prestige parmi les Giovanni est d’ accumuler le plus de richesses possible. Le moyen le plus difficile étant de susciter une nouvelle compréhension de la mort à travers l’ art ou la magie.Citation:“Nul n' a une meilleure compréhension de la Mort que nous. Il
n' est pas de plus grand mystère et il n' y a aucune facette de l’ existence qui
affecte autant chacun de nos instants que la certitude que la vie prendra fin.
Le comprendre serait comme être une sorte de dieu.”
Stéréotypes:
· La Camarilla - Ces mouches du coche soupçonneuses mettent toujours leur nez là où ils n’ont rien à faire. S’ ils savaient vraiment ce à quoi nous oeuvrons, ils se suicideraient.
J’ ai suivi leurs actifs financiers et j’ ai découvert qu' ils avaient en main pratiquement tout ce qui existe. Ils sont en train de planifier quelque chose, la question est de savoir quoi exactement.
- Sovereign, Ventrue de Chicago
· Le Sabbat - Ils sont ceux qui se sont le plus approchés de la Vérité, mais, parce qu’ ils se sont arrêtés trop vite, ils auront plus de mal que les autres à l’ atteindre. On peut les ignorer en toute quiétude.
Une assemblée de vieux hommes d’ affaires qui fourmillent dans les égouts ? Et vous croyez qu’ ils me font peur?
L’Évêque Mark (le confondez pas avec Marc L'Evesque alias Frenchie !!!)
· L’ Inconnu - Ils nous regardent constamment mais ne comprennent rien. Si c’ était le cas, ils ne nous laisseraient pas continuer car nous sonnerons le glas de leur non-vie.
Rien ne m’ a plus déconcerté que l’ existence des Giovanni. Comment puis-je accepter que des hommes d’ affaires parmi les plus ambitieux de la planète aient perdu leur goût du pouvoir et se mettent à étudier des cadavres dans les cimetières ?
- Rébécca, Moniteur de Chicago
Nécromancie
Cette Discipline permet à un Vampire d’ évoquer les esprits des morts, de converser avec eux et d’ en obtenir peut-être conseils et savoir.
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Ce texte a été fourni par Augustus Giovanni